2 Dans Le corps et l'esprit

Vers une alimentation plus vivante

Aujourd’hui je vous parle d’un sujet qui m’est cher, la santé par l’alimentation. C’est un sujet que j’aborde moins, car étonnamment alors que ce thème m’intéresse passionnément, j’aime moins écrire à ce sujet. Je dévore pourtant des tonnes de contenu à ce propos : livres de naturopathie ou de médecine, sites internet, magazines variés… tout y passe ! Et je suis absolument convaincue d’une chose, c’est que l’alimentation est notre première médecine, mais peut aussi être un des plus gros poisons.

La santé passe par l’alimentation

En effet, il est aujourd’hui prouvé que notre façon de nous alimenter déclenche des maladies chroniques, qu’elles soient digestives, articulaires ou même neurologiques, certaines pouvant être très graves. Car l’alimentation de l’occidental moyen est bourrée de sucre et d’additifs, loin d’une alimentation « naturelle » de l’être humain…

De mon côté, j’ai fait des études scientifiques et j’ai lu depuis des années pas mal de livres, pour certains assez ardus, mais passionnants sur le sujet.

Toutefois, le simple bon sens me fait dire que l’être humain est fait pour manger ce que la nature lui fournit, et pas tous les dérivés transformés, ou pire ultra-transformés. Et notre système digestif est proche de celui des grands singes, qui ont une alimentation très riche en végétaux, et crue évidemment. Il semble donc que nous ne soyons pas faits pour manger de la viande à chaque repas !

Si la cuisson nous a permis au paléolithique de consacrer plus de temps à imaginer des choses qu’à mâcher et digérer, et nous a apporté des nutriments nous permettant de développer le cerveau le plus avancé du monde vivant, pour autant les ingrédients qui composaient l’alimentation étaient d’origine naturelle, très simples, sans additifs, etc. Et la majeure partie de l’alimentation restait quand même crue.

Le Dr Jean Seignalet (L’alimentation ou la troisième médecine) a ainsi montré qu’une alimentation à dominante crue (ou cuissons très douces), qui excluait toute céréale moderne et tout produit laitier, avait un impact largement positif sur un nombre infini de maladies dites chroniques et dégénératives… La plupart se révèlent en effet être des maladies de civilisation, liées à notre mauvaise hygiène de vie et notamment alimentaire, et peuvent être enrayées ou évitées en faisant attention à ce que l’on avale.

Son livre étant assez ardu car très scientifique, vous pouvez si vous le souhaitez vous procurer les différentes synthèses ou livres de « mise en pratique » qui s’en inspirent : « Comprendre et pratiquer le régime Seignalet: L’alimentation ou la troisième médecine » de Dominique et Anne Seignalet ou encore « Soigner par l’alimentation: Comprendre les maladies chroniques » du Dr Jean Seignalet par exemple.

Une approche holistique de l’alimentation

Le chercheur français Anthony Fardet de l’INRA est en ce moment très présent sur les écrans, dans la presse, à la radio… Il a écrit le livre « Halte aux aliments ultra-transformés, mangeons vrai« . Contrairement à tous ses prédécesseurs qui décomposaient chaque molécule pour en étudier l’impact, voici enfin un scientifique qui a une approche holistique de l’alimentation, en étudiant non seulement chaque aliment dans son entier, mais aussi l’entièreté de notre alimentation. J’aime son intégrité et son engagement pour faire changer les choses.

Lui et ses confrères ont démontré l’impact très néfaste des aliments transformés et surtout ultra-transformés (plus de 5 ingrédients « inconnus » sur la liste, à savoir des additifs ou des ingrédients qu’on ne trouverait pas au marché, type sirop de glucose-fructose, protéines de lait, amidon transformé, etc…).

Pour les aliments ultra-transformés, il parle même de « fake foods », car en fait sous une apparence parfois saine (comme un plat cuisiné portant l’appellation « diététique » par exemple), se cachent souvent des aliments tellement bourrés d’ingrédients issus de la chimie qu’ils n’ont plus aucun intérêt nutritionnel mais au contraire ont des impacts négatifs par le biais de leurs additifs.

Il explique très bien son approche holistique de l’alimentation : plutôt que du regarder chaque macro ou micro nutriment, chaque minéral ou vitamine, chaque additif indépendamment. Ainsi, des céréales corn flakes enrichies en 8 vitamines et en fer (mais par ailleurs bourrées de glucides) n’auront sûrement pas le même bénéfice santé qu’un aliment naturellement riche en fer et vitamines et composé de glucides complexes, comme par exemple une céréale complète de type petit épeautre accompagnée de légumes feuilles crus…

Manger Vrai, Végétal et Varié (et bio, local et de saison)

Il recommande donc de manger vrai (ou encore vivant), végétal et varié, 85% du temps (15% d’aliments industriels possibles, pour dépanner, pour se faire plaisir, mais par pour se nourrir au quotidien).

Manger vrai, c’est acheter uniquement des aliments non transformés et les cuisiner soi-même (le plus simplement possible).

Manger plus végétal, c’est mettre au moins 80% de végétal dans son assiette de la journée (fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes – mais pas trop de ces dernières), et 20% de protéines animales, en limitant les produits laitiers, les viandes rouges et les charcuteries, et évidemment les sucres.

Manger varié, c’est essayer de changer chaque jour les aliments consommés, pour répartir au mieux l’apport en nutriments et ainsi apporter au corps tout ce dont il a besoin.

Il ajoute enfin de s’approvisionner préférablement bio, local et de saison, afin de minimiser les risques d’être exposés à des pesticides et d’avoir le maximum de nutriments avec des végétaux cueillis à maturité, et poussés naturellement au soleil et en terre (et non hors sol à l’autre bout du monde).

La nouvelle pyramide alimentaire

Les recommandations du Dr Anthony Fardet se rapprochent fortement du régime méditerranéen qui a fait ses preuves par rapport à la longévité des personnes qui le pratiquent, en allant peut-être un peu plus loin par rapport à la réduction des protéines animales.

Les règles de base sont simples :

manger une grande quantité de légumes (particulièrement de légumes feuilles) et de fruits. Cru ou cuit à la vapeur douce, c’est mieux !

Un peu moins de céréales et légumineuses, à toujours privilégier complètes. Eviter les céréales modernes contenant trop de gluten comme le blé. Côté pain, choisir des pains au levain, sans additifs, réalisés à partir de farines complètes de céréales variées (pas toujours du blé…). Penser à prégermer les graines.

– Côté protéines animales (non obligatoires), privilégier les oeufs, les petits poissons gras, la volaille, et diminuer la fréquence. Peu de produits laitiers. Maximum une protéine animale par jour, que ce soit un oeuf, un yaourt, une portion de viande.

Manger des graines et oléagineux, des bonnes huiles riches en oméga 3

réduire drastiquement les sucreries ou autres sucres rapides cachés

Quand on sait que la pyramide alimentaire que l’on a tous apprise mettait les céréales tout en bas, et les produits laitiers minimum à trois par jour, on en est bien loin !

L’alimentation vivante

Certains vont plus loin en proposant de manger quasi exclusivement cru et végétal. Ce sont les adeptes de l’alimentation vivante.

Manger vivant, c’est privilégier une alimentation 100% naturelle et « vivante » : des graines germées, des fruits et légumes crus et fraîchement cueillis, des graines et fruits oléagineux pré-germés, des algues alimentaires, et des aliments n’ayant été ni cuits ni raffinés, les moins dénaturés possible.

Evidemment le tout de préférence bio voire en biodynamie.

Pourquoi le cru ?

La cuisson des aliments détruit 50 % des protéines disponibles, 60 à 70% des vitamines (jusqu’à 96% pour la B12), et 100% des phytonutriments indispensables au système immunitaire et à bien d’autres fonctions physiologiques.

Au dessus de 42 °C environ, les enzymes sont en grande partie détruites. Or elles participent à la digestion et sont donc importantes pour bien assimiler tous les nutriments de nos aliments.

Les aliments « très vivants »

Certains aliments sont encore plus plébiscités par l’alimentation vivante; car ils sont « hautement vivants ». Ce sont les graines germées et les jeunes pousses, les noix trempées et les aliments lacto-fermentés.

Les raisons sont simples : en activant la germination des graines et oléagineux, on se débarrasse des inhibiteurs d’enzymes naturellement présents dans les graines et qui les rendent moins digestes. Ainsi, cela permet d’accroître considérablement les taux de nutriments bio-disponibles. Par exemple, après 5 jours de germination du blé, la vitamine A augmente de 225%, la B1 de 20 %, la B2 de 300 %, la B3 de 10 à 25%, la B5 de 40 à 50%, la B6 de 200%, les vitamines D et E de 300% et la vitamine C est multipliée par 600 ! La digestion est aussi grandement facilitée.

Le trempage passe donc la graine du mode « dormant » au mode « vivant ».

Les aliments lacto-fermentés vont quant à eux apporter des bactéries pro-biotiques. On peut ainsi consommer du tofu fermenté, de la choucroute ou autres légumes lacto-fermentés, ou encore boire du kéfir.

Une alimentation vivante, c’est donc une alimentation bien plus riche en nutriments assimilables, et donc extrêmement revitalisante.

Comment j’adopte l’alimentation vivante

Je ne suis ni devenue 100% crudivore, ni 100% végétarienne, mais j’essaye d’adopter au moins 80% du temps une alimentation vivante. Je m’inspire autant que possible des recommandations d’Anthony Fardet et de l’alimentation vivante pour adapter peu à peu (et non sans mal parfois) mon hygiène alimentaire.

Je mange beaucoup plus de légumes, et peu à peu encore moins de viande (j’avais déjà réduit grandement). Je pense manger de la viande (qu’elle soit blanche ou rouge) maximum 1 fois par semaine. En revanche je mange plus souvent du poisson, notamment maquereaux ou sardines en boîte, certainement 2-3 fois par semaine. Je mange souvent des oeufs.

Céleri rave rapé, courgette crue en spaghetti, houmous de pois chiches maison, avocat, salade du jardin, graines germées.

J’ai réduit ma consommation de pain à peau de chagrin, et quand j’en mange j’essaye qu’il soit à minima du pain complet au levain, et si possible pas à base de blé (pas toujours facile par chez nous). Je n’ai malheureusement pas le temps de faire mon propre pain en ce moment. J’ai globalement réduit la consommation de toutes les céréales riches en gluten, mais diversifié en consommant des céréales pauvres en gluten comme le petit épeautre, le riz complet, le quinoa, le sarrasin, des légumineuses (lentilles corail, lentilles vertes, pois chiches, pois cassés, fèves…).

Quant aux produits laitiers, je ne bois toujours plus de lait, je ne mange plus de yaourts de vache. Je mange parfois des yaourts de brebis et un peu de fromage (plus que je ne souhaiterais), là aussi essentiellement chèvre ou brebis.

Je fais maintenant régulièrement du kéfir, les graines germées sont entrées dans mon quotidien. Quand j’y pense, je fais tremper mes amandes. Je fais parfois des monodiètes, des cures de jus de légumes ou des smoothies verts. Mais de ce côté j’ai des progrès à faire. Le seul souci est que je continue d’avoir des craquages boulimiques qui mettent mes efforts à mal… mais je me dis qu’au moins le reste du temps je soigne mon corps.

J’ai réintégré plus d’huiles (et des bonnes huiles) dans mon alimentation, en alternant entre olive, mélanges d’huiles oméga 3, colza, noix, cameline, sésame… que je choisis toujours vierge extra, non raffinées…

Nous mangeons maintenant certainement à 70% bio à la maison avec un panier de légume hebdomadaire que l’on complète au marché (bio ou pas) et à l’épicerie bio, le moins possible au supermarché mais comme tout le monde, cela nous arrive.

Nous mangeons environ à 90% de saison et français, voire même encore plus local (notamment avec notre panier bio du val de Loire ou notre marché). On fait des entorses car on ne se prive pas de bananes, on achète des avocats (mais pas trop), et on craque parfois pour des fruits exotiques ou des courgettes en plein hiver, mais on fait en sorte que cela reste extrêmement exceptionnel, pour se faire plaisir.

Quelques assiettes printannières et estivales

Mon alimentation est-elle devenue triste pour autant? Pas à mon goût ! Pour vous donner une idée, voici ci-dessous quelques unes de mes assiettes qui sont principalement (mais pas uniquement) de délicieuses salades composées.

Pois chiches, petit épeautre complet, pousses d’épinard, betterave crue, fanes de carottes, chou blanc, graines germées
Fenouil, concombre, raisins secs, olives noires, graines de lin, citron et huile d’olive
sardines à l’huile d’olive, olives noires, maïs doux en boîte, houmous maison, salade verte, carottes, graines germées et pesto.
graines de sarrasin, mélange de salades du jardin (roquette, arroche rouge…), pétales de coquelicot, quenelle d’épinards crus à la béchamel de cajou sur lit de tomates
Maquereau au naturel, chou blanc, tomate séchée, fanes de carottes et graines germées, olives vertes
galette de sarrasin maison garnie de jambon et tome de chèvre, oeuf au plat, mélanges de salades, olives vertes, chou rouge lactofermenté
sashimi de saumon, avocat, concombre, radis, graines de raifort germées

Encore des progrès à faire

J’ai malgré tout encore beaucoup de progrès à faire.

  • Principalement, je mange encore trop copieusement car j’ai tendance à manger de manière émotionnelle, que ce soit en mode crises de boulimies, ou « juste » avec des repas trop copieux trop souvent.
  • Il est recommandé de manger les fruits hors des repas, ou éventuellement en début de repas. J’ai encore du mal à m’y mettre, je suis un peu réfractaire je crois ! J’aime trop finir par ma touche sucrée
  • J’ai des périodes très clean, mais à d’autres je relâche bien trop mon attention et fais encore un peu n’importe quoi

J’espère que cet article n’est pas trop brouillon pour vous, j’ai eu du mal à m’en dépatouiller et il est bien plus long que prévu initialement ! Dites-moi ce que vous en pensez, et comment vous évoluez de votre côté et appréhendez votre alimentation 🙂

#Defiazimute un article du Défi azimuté

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2 Commentaires

  • Reply
    Cécile de L'Atelier au Soleil
    10 juillet 2019 at 17 h 50 min

    Merci pour cet article intéressant. Le problème des poissons est qu’ils ne sont pas « bio » : entre le saumon d’élevage norvégien bourré d’antibiotiques et les méthodes de pêche au chalut dévastatrices, c’est pas gagné ! Pour ma part, j’essaie de baisser ma consommation de viande mais la stopper totalement me paraît inconcevable aujourd’hui…

    • Reply
      Amélie
      12 juillet 2019 at 15 h 47 min

      Tu as raison, c’est pourquoi je choisis le plus souvent des petits poissons issus de la pêche et pas de l’élevage (même si j’adore le saumon et en mange de temps en temps, auquel cas j’essaye de le choisir sauvage ou bio…). J’évite ou consomme rarement des poissons d’élevage (parfois truite ou maquereau) et surtout je ne mange presque plus de thon, un poisson dont la pêche est ravageuse et qui accumule tous les maux lourds… Mais c’est vrai que ce n’est pas si simple !!
      Moi non plus je ne me vois pas arrêter la viande mais maintenant on ne l’achète plus qu’en boucherie ou au marché en faisant attention à la qualité et mode d’élevage.

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