Lorsque nous avons souhaité changer de vie et partir en province, j’ai tout de suite imaginé un jardin dans lequel je puisse faire pousser de la nourriture. Un jardin pour pousser plus loin mon changement de vie, un jardin nourricier. Pour l’instant, il ne s’agit pas d’être autonome, mais de produire une part de notre alimentation par ce biais. Enfin là, bien sûr, je n’en suis qu’aux premiers pas, et je vous explique ma démarche.
Qu’est ce que la permaculture et pourquoi ça m’intéresse ?
La permaculture, si on reprend la définition de Bill Mollison, un de ses « fondateurs » (en tout cas un des premiers à l’avoir décrite), c’est « une démarche de conception éthique visant à construire des habitats humains durables en imitant le fonctionnement de la nature. » Ainsi, il ne s’agit pas que de jardinage, loin de là, et encore moins juste de faire des buttes dans son jardin !
En permaculture, il y a 3 éthiques :
- Prendre soin de la terre,
- Prendre soin de l’humain,
- Partager équitablement.
Ainsi, c’est quelque chose de très fort, c’est une vraie philosophie de vie qui vise à construire quelque chose de très durable, « soutenable » dans le temps. En imitant la nature, et donc en travaillant le moins possible le sol, en s’inspirant vraiment de ce qu’il pourrait se passer si on laissait la nature reprendre ses droits sur un terrain en friche par exemple…
Je me sens totalement alignée avec les éthiques de la permaculture, c’est pourquoi je souhaite m’orienter dans cette direction. Je voudrais la mettre en oeuvre dans un maximum de domaines de ma vie, mais en premier lieu au jardin.
Comment commencer la permaculture au jardin ?
Pour mieux comprendre comment faire, on trouve énormément de contenu sur internet. Ainsi, j’ai commencé par suivre des webconférences notamment chez Permaculturedesign, regardé des vidéos sur youtube puis j’ai aussi lu un livre sur le sujet « La Permaculture, en route pour la transition écologique » que j’ai trouvé réellement une bonne base pour comprendre. J’ai ainsi pu saisir les étapes nécessaires.
Le design
En premier lieu, il faut réfléchir au design de son lieu, en observant pendant plusieurs mois ce qu’il s’y passe (soleil, vents, …), en observant son sol, etc. De mon côté, ne souhaitant pas en faire une grosse production, j’ai quand même fait très vite cette étape, au risque je le sais de faire quelques erreurs. Mais j’étais trop pressée de commencer.
Voici quand même mon analyse :
Notre sol est vraiment assez pauvre, typique de la sologne : du sable, qui ne retient pas du tout l’eau, et au fond une couche argileuse, plus ou moins présente par endroits. Notre jardin est ainsi envahi de mousse sur une majeure partie du terrain. Le jardin est entouré d’une haie de lauriers, photinias et eleagnus, très productifs en jeunes rameaux mais peu intéressants sur le plan de la production alimentaire ou de la biodiversité (pas assez d’essences différentes).
Présence d’un cerisier, d’une haie de framboisiers, d’un pommier. Je découvre le reste des plantes au fur et à mesure des saisons.
Poussent naturellement : une bonne quantité de ciboulette sauvage, des paquerettes, un peu de lamier pourpre… et plein de plantes que je n’ai pas encore reconnues ! A vérifier en saison, mais je pense au vu de ce qu’il y avait l’été dernier qu’il y a aussi de la camomille matricaire, et ensuite des plantes type carottes sauvages ou achillée millefeuille (je n’ai pas regardé d’assez prêt, nous étions en plein travaux !). Je me découvre une passion pour la botanique alors que c’était ce qui me plaisait le moins en prépa, mais maintenant j’ai plaisir à aller reconnaître les plantes de mon terrain, voir si elles sont comestibles ou pas, médicinales ou non, etc. Je vous réserve pour la fin de l’article ma découverte d’hier !
La mise en place
Partant de cela, j’ai commencé par essayé de donner la meilleure exposition possible à mon potager, pour qu’il soit ensoleillé une bonne partie de la journée. Mais de toute façon, pour l’instant je n’ai fait que deux bandes de culture et cela sera amené à s’étendre à différents endroits et donc différentes expositions.
Après un bon temps de réflexion, j’ai décidé d’emprunter la technique des buttes ou lasagnes, afin d’enrichir le sol vraiment pauvre. J’ai fait à ma sauce, un mix entre les buttes « Hugelkultur » qui incluent des troncs en décomposition à l’intérieur, et des buttes en lasagnes. J’ai fait en fonction des matériaux à disposition, et je n’en avais pas des quantités folles. J’ai retenu ces matériaux avec des planches de palettes de récupération. J’ai pour l’instant fait deux buttes de 2,5 m par 1m environ. Au fond vous apercevez un petit carré potager, tentative automnale de faire pousser des épinards d’hiver, sans trop de succès !
J’ai mis dans ma butte du bois mort au fond, assez gros puis plus mince (mais pas de réel tronc), puis du fumier, des feuilles mortes, du compost, et enfin j’ai terminé la dernière couche en terreau universel du commerce, car pour l’instant j’ai très peu de bonne matière… Nous avons un compost mais qui n’est pas encore bien développé.
Les plantations
J’ai évidemment choisi d’opter pour des semences reproductibles, afin de pouvoir récolter mes graines et les resemer d’années en années. Je suis partie sur une commande à La ferme de Ste Marthe pour cette fois, en ayant entendu de bons échos.
L’idée, c’est aussi de mettre un maximum de plantes vivaces dans mon potager, afin que cela me demande le moins de travail possible, mais aussi que ce soit justement plus durable dans le temps. Ainsi, j’y ai mis un plant de cassis (d’autres viendront sûrement compléter), des poireaux perpétuels, des choux daubentons, de l’arroche rouge, et des fraisiers. J’ai encore à semer plus tard de la crambe maritime, de la mélisse citronnelle et de la petite pimprenelle.
Côté annuelles, j’ai semé des radis et des carottes, ainsi que de l’ail. Je compte planter un ou deux plants de courgettes et quelques plants de tomates (en espérant que mes semis prennent bien !).
Je m’étais dit que pour une première année, j’achèterais mes tomates en plants, mais j’ai eu des sachets de graines de tomates en cadeau lors de ma commande, alors je me suis lancée ! Il y a de la noire de Crimée et de la petite cœur de bœuf (on voit que l’une des deux variétés n’a pas trop pris d’ailleurs). Je chouchoute mes semis, arrosage tous les jours, et je les sors chaque matin pour qu’ils prennent la lumière et les rentre chaque soir…
Nous avons encore pas mal de place sur la gauche des bandes de cultures actuelles, j’envisage donc par la suite d’étendre le potager. Et dès cette année, je vais notamment tester la plantation de pommes de terres directement sur l’herbe, en les recouvrant de paillage, ce dès que mes lilas seront en fleurs !
Favoriser la biodiversité
En permaculture, on essaye de créer un système complet, afin qu’un équilibre se crée : par exemple, s’il y a des pucerons, les coccinelles doivent aussi être là pour les manger. On peut laisser la nature créer cet écosystème, mais on peut aussi essayer de l’aider. C’est pourquoi j’ai bâti un petit hôtel à insectes, qui vise à accueillir abeilles et autres pollinisateurs, coccinelles, etc.
Evaluer et optimiser
Evidemment, j’en suis à peine à l’ébauche de ce jardin, on est encore très tôt en saison et rien n’a encore trop poussé… mais dans le principe de la permaculture, je compte faire régulièrement le point sur ce qui marche ou pas, sur l’évolution de mon rythme de vie aussi pour voir ce que j’ai le temps de faire en plus ou en moins, et de faire évoluer mon système au fur et à mesure.
Mais pour l’instant, je continue surtout mon analyse en observant et tentant de reconnaître toutes les plantes qui poussent naturellement sur notre terrain.
La jolie découverte d’hier dont je vous parlais plus haut, c’est qu’il est envahi d’une bonne quantité de mâche sauvage, un délice en salade !
Après quelques recherches, c’est une plante bio-indicatrice :
- typique des dunes littorales et continentales. Arènes granitiques. Sables et limons des vallées alluviales.
- dont la présence en quantité indique : sol à très faible pouvoir de rétention, érosion, lessivage. Carence en argile et en humus stable.
En tout cas, cela confirme mon analyse en terme de typologie de sol… Je me renseignerai aussi au fur et à mesure pour savoir ce que je peux faire pousser naturellement directement dans ce type de sol, en me passant de buttes !
Du coup hier soir, nous nous sommes régalés d’une salade de mâche sauvage, agrémentée de quelques jeunes feuilles de pissenlits, quelques pâquerettes et un peu de lamier pourpre ! Une vraie découverte et un plaisir pour moi de récolter des choses que je n’avais même pas plantées et d’en découvrir les saveurs.
Voilà, je vous ai modestement présenté mes balbutiements pour un futur jardin nourricier, évidemment la route va être longue, mais je suis ravie de ce partage ! J’adorerais lire vos expériences, vos ratages et vos réussites, vos astuces, et tout ce que vous souhaitez partager dans ce domaine !
Beau printemps à vous 🙂
2 Commentaires
marie
19 janvier 2021 at 12 h 57 minsuper article
je viens de m’y mettre ce sont de super conseils
Amélie
26 janvier 2021 at 15 h 46 minMerci ! Bon lancement alors, et bon courage 🙂